
Introduction aux relations internationales
Tout d’abord, on remarque la présence quotidienne des relations internationales. Chacun de nous est impliqué dans des relations internationales. Mc Luhan a parlé de village planétaire.
On a une opposition entre société internationale et société interne : la société internationale est hétérogène et la société interne est homogène.
Cependant, de nos jours, il y a une homogénéisation de la société internationale basée, c’est ce que certains appellent « l’effet Mc Do ».
L’essentiel des rapports sociaux s’opère au sein des sociétés internes.
La proximité entre les individus et le groupe peut susciter des conflits ou des contradiction. L’intensification des rapports et des échanges conduit à se poser des questions : qui suis-je, quelle est mon identité culturelle ?
Tout changement radical au sein de la société interne est encadré, canalisé par certains processus. Les élections politiques au sein d’un Etat sont une forme de « révolution institutionnalisée » (Tocqueville) car elles permettent un changement radical profond tout en préservant la paix civile.
Cette puissance est également à l’origine de l’élaboration de ce droit international. Ce droit international est un droit de rapport de force : on le considère imparfait car son application est fonction de la volonté des Etats.
Aux XIXè XXè siècles se développe l’étude historique et comparatiste. Ce qui va susciter le plus d’interrogations est la première Guerre Mondiale. On va chercher ses causes. Cette guerre met fin au mythe du but civilisateur de l’occident. Un domaine spécialisé du savoir apparaît : c’est celui des relations internationales.
Voyons la méthode de cette étude des relations internationales, c'est à dire les niveaux d’analyse de cet objet : comment appréhender les phénomènes internationaux ? Les phénomènes politiques internationaux sont uniques et singuliers mais aussi réguliers et structuraux. Il faut combiner l’approche historique et l’approche institutionnelle, c'est à dire une fois les événements produits, il faut les stabiliser par le droit.
On peut donner l’exemple de l’immigration et de la présence de minorités. On a une fragmentation des sociétés.
A côté de la société internationale, il existe en réalité une multitude de sociétés internationales partielles. Au plan universel, on peut observer que la société est instituée par l’ONU. On l’aspect universel avec l’ONU mais aussi des sociétés internationales partielles. Si on vit dans une société interne, on agit dans un cadre international.
L’Etat est le cadre juridico politique dominant de toute société interne. Toute société humaine organisée se formalise sous le cadre étatique. L’Etat est un acteur immédiat au sens où il établit des relations avec d’autres Etats : c’est les relations interétatiques. Cet Etat est aussi un acteur média au sens où il régule les rapports entre ses ressortissants et la société internationale : ce sont les relations transnationales.
L’Etat est la puissance organisatrice de ces relations, c’est l’instance de régulation de ces rapports car la société internationale est souvent qualifiée d’anarchique. Le défaut de la société internationale est qu’elle n’a pas d’instance centrale de régulation.
Il n’y a pas d’Etat international, c’est pourquoi les conflits voire les guerres sont permanentes sur la scène internationale.
Ce processus de changement ne semble pas exister sur la scène internationale : s’il y a un changement, c’est du à des guerres. C’est le cas des deux Guerres Mondiales.
Est-ce que tout changement par la violence est une fatalité sur la scène internationale ? On peut répondre NON : on a l’exemple de la chute du mur de Berlin et de celle du communisme. Ces changements sont du à une implosion interne de cette société.
Depuis cet événement majeur (1980-1990), il faut relativiser cette opposition société internationale/société interne. On a un lien entre les deux car c’est l’implosion de la société communiste qui a modifié la scène internationale. De même, une guerre civile ou un coup d’Etat peut changer la scène international : un changement international peut être du à un changement des sociétés internes.
La société internationale peut évoluer pacifiquement par la mise en place de règles : le droit participe à la régulation de la scène internationale.
L’Etat est structurant : la société internationale est structurée par les Etats. L’Etat est la forme dominante d’organisation politique : on a 192 Etats. la société internationale est essentiellement composée d’Etats. L’élément de régulation demeure la puissance et cette puissance détermine l’étendue et la capacité d’action d’un Etat. Ce qui permet un équilibre sur la scène internationale est qu’il y a plusieurs puissances.
L’autre instrument non négligeable de régulation est la négociation. Cette négociation se formalise par l’adoption de traités internationaux.
Tous ces éléments permettent un règlement pacifique des différents événements internationaux.
L’étude des relations internationales parait complexe et suscite une réflexion depuis l’antiquité. Dès l’antiquité, on a Hérodote qui décrit le monde Barbare comme extérieur au monde Grec. Egalement, Thucydide considérait met en avant les concepts de compétition pour la puissance et la défense des intérêts collectifs dans son analyse sur la guerre du péloponnèse.
Vers le XIVè siècle, l’apparition de l’Etat moderne donne naissance au droit international qui est un droit fondé sur les enjeux politiques. Certains juristes développent l’idée de la liberté des mers.
Le droit des gens, ancêtre du droit international public, était un mélange de règles juridiques et morales. On observe que cette vision antique est reprise à l’époque classique par certains auteurs comme Machiavel. On peut citer Montesquieu avec son ouvrage « considération sur les causes de la grandeur de Romains et de leur décadence ». Au XVIIIè siècle, l’ouvrage du chinois Sun Tzu parle de l’art de la guerre.
Le mérite de ces auteurs est d’insister sur les conflits, sur le désir de puissance entre groupes et sociétés humaines différentes. Cette réflexion sur les relations internationales a débuté très tôt.
Vers le XVIIIè siècle émerge un domaine dénommé relations internationales. Il y a un ouvrage important de 1713 : celui de l’abbé de St Pierre « projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe ». Cet ouvrage influencera Rousseau et Kant. Dans cet ouvrage il y a l’idée d’une coopération entre peuple par le souci de régler les conflits de manière Pacifique.
On a aussi Adam Smith parle des dimensions économiques des relations internationales. Ceci est poursuivi au XIXè siècle par St Simon qui insistait sur les transformations économiques et leur impacte sur les sociétés industrialisées. Au XIXè siècle on a Clausewitz dans son ouvrage « De la guerre » de 1831 qui développe à partir des conquêtes napoléoniennes telles le concept de puissance et d’équilibre.
Les premières recherches ont été initiées aux Etats-Unis car ils veulent comprendre leur rôle et comment agir en tant que puissance, c’est pourquoi cette discipline est marquée par la prédominance américaine. Savoir américain et puissance américaine vont de pair.
Le premier facteur est la liberté de penser et l’importance des réseaux de recherches publiques et privées. La puissance des Etats-Unis les conduit à assumer de grandes responsabilités sur la scène internationale. La conséquence est que les pouvoirs publics américain n’ont pas de tradition diplomatique d’où un recours au savoir académique pour agir. Aux Etats-Unis, il y a un lien entre recherche et pouvoir politique.
Beaucoup de chercheurs utilisent des concepts développés aux Etats-Unis. L’américano-centrisme est renforcé depuis l’attentat du 11 septembre 2001 avec le concept d’hyper terrorisme.
En Europe, la Grande Bretagne et l’Allemagne sont sous l’influence des Etats-Unis. On a en Angleterre l’institut IISS qui développe le concept d’hyper terrorisme ainsi que l’institut IAP en Allemagne. On a une recherche française qui se développe avec l’institut français des relations internationales, l’iris et le CERI de l’IEP de Paris qui publie les revues de ces centres publics. A Grenoble, on a le CEDSI.
On verra une approche politique qui synthétise les autres approches.
En France, on a Raymond Aron dans son ouvrage « paix et guerre entre les nations » de 1960. On a des approches centrées sur l’influence du tiers monde. En France, il y a un lien entre politique et recherche avec l’IHEDN et le ministère de la défense qui va contribuer au maintient de la politique de dissuasion nucléaire française. Il y a une internationalisation des recherches.
Il y a une complexité des phénomènes internationaux avec les organisations intergouvernementale (OIG), les ONG, etc… ceci conduit à adopter une approche pluridisciplinaire avec une étude de l’histoire, du droit international, de l’économie et à une discipline qui synthétise ces approches : la science politique.
On essayera de définir cette discipline et la méthode retenue dans ce cours.
On peut définir les relations internationales comme « la science des faits sociaux internationalisés ».cela concerne l’ensemble des rapports entre Etat souverain et interétatique mais aussi des faits étrangers qui échappent à l’action des Etats et des gouvernements.
Tout fait social peut avoir en certaines circonstances des effets internationaux.
Il est un troisième niveau essentiel à la compréhension en profondeur des relations internationales : il s’agit du niveau théorique.
Qu’est-ce qu’une théorie ? Une théorie vise à élaborer un système d’explication en tentant de répondre à certaines questions du type : « pourquoi les Etats se font-ils la guerre ? Quels objectifs poursuivent-ils ? ».
Dès l’antiquité, il y a des systèmes d’explication qui visent à comprendre les guerres entre cités antiques. Les grands paradigmes du système d’explication actuels proviennent des grands auteurs grecs tels Thucydide, de Cicéron (103-43 avant JC), St thomas d’Aquin, ou de Machiavel (1469-1527).
On a trois paradigmes des relations internationales depuis l’antiquité :
-On a une première interprétation qui considère la société internationale comme relation entre Etats souverains saisis au moyen de concepts suivants : l’intérêt national, la puissance, la guerre ou l’équilibre. Ce courant est souvent dit courant réaliste car il part
d’une dure réalité : les Etats n’ont pas de sentiments mais que des intérêts. Selon ce courant, ce qui détermine les relations internationales, ce sont les rapports de force entre Etats parce que les Etats existent de manière permanente alors que les régimes politiques passent. Ce courant est dit classique également. Aron est un représentant de ce courant réaliste tout comme Clausewitz. Ce courant est proche de la vision gaulliste des relations internationales. Ce courant est dominant dans la politique internationale car il part du principe que les Etats sont les principaux acteurs.
-la seconde interprétation considère la société internationale comme une communauté universelle, un ensemble de relations individuelles et transnationales. Ceci est influencé par le stoïcisme grec ou du christianisme médiéval ou du droit naturel du XVIè siècle. C’est une vision optimiste des relations internationales.
Cette seconde approche développe les concepts de coopération et de solidarité internationale. Elle donnera naissance à la SDN ou encore à l’ONU.
-La troisième interprétation voit la société internationale comme un système de domination des puissants sur les faibles. Il y a notamment Engels, Marx ou l’anglais Hobson, l’allemand Hillerding développent cette vision. Cette approche plus idéologique que scientifique développe le concept d’impérialisme ou encore celui de dépendance en mettant l’accent sur les facteurs économiques.
On peut ramener ça à une interprétation qui met l’accent sur les conflits, les tentions et une autre qui met l’accent sur l’harmonie.
On verra les grandes conceptions et leurs apports à la compréhension actuelle des relations internationales. Le débat théorique est très important.