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Un nouveau système international (1945-1947)

Le 8 mai 1945 marque la fin de la seconde guerre mondiale sur le continent européen et le 14 août en extrême orient. Les empires germaniques et nippons disparaissent, les empires coloniaux britanniques et français sont affaiblis, une puissance mondiale, les Etats-Unis et une puissance continentale, l’URSS, émergent alors.
Un nouveau système international (1945-1947) 
Le 8 mai 1945 marque la fin de la seconde guerre mondiale sur le continent européen et le 14 août en extrême orient. Les empires germaniques et nippons disparaissent, les empires coloniaux britanniques et français sont affaiblis, une puissance mondiale, les Etats-Unis et une puissance continentale, l’URSS, émergent alors. 
Section 1 : Après la guerre, l’organisation de la paix

Les Alliés, unis dans le combat, se trouvent désunis pour établir la paix une fois la victoire acquise. 
I) La fin de la seconde guerre mondiale 

Dès la Conférence de Moscou d’octobre 1943, la Commission consultative en Europe a défini le futur statut de l’Allemagne : est ainsi implicitement reconnue la mainmise de l’URSS sur l’Europe centrale (qui sera libérée du nazisme par l’armée rouge !) et reconnu également le contrôle de l’Italie par les occidentaux. 
Les questions centrales d’après-guerre deviennent le contrôle de l’Allemagne et le partage des intérêts des puissances par zones d’influence lors des conférences ou sommets. 

A) Le démembrement de l’Allemagne 

L’Allemagne sort meurtrie de la guerre et voit ses autorités politiques officielles disparaître. C’est un Conseil de contrôle, formé de commandants en chefs alliés (URSS, Etats-Unis, RU et France) qui 
administre le territoire. 
Sont instituées 4 zones d’occupation et Berlin, la capitale est divisée en 4 secteurs sous administration commune. 
Le démembrement de l’Allemagne, comme sanction politique, va avoir des répercussions importantes sur les modifications territoriales en Europe centrale et orientale. 
Ce partage d’influence est décidé lors de conférences ou sommet, conférences de Yalta et de Potsdam. 

B) La conférence de Yalta (4 février 1945) 
La détermination de frontières et l’instauration d’un gouvernement démocratique en Pologne sont au coeur des discussions. 
Cette conférence a abouti à deux actes importants : premier acte, le communiqué commun qui prévoit une coopération militaire pour contribuer à la défaite de l’Allemagne (conférence se tenant avant la fin même de la guerre !), une participation de la France (absente à Yalta !) à l‘occupation de l’Allemagne, annonce d’une conférence des nations unies à San Francisco, des accords territoriaux sur la Pologne, la Yougoslavie et les Balkans ; le second acte est la déclaration sur l’Europe libérée pour l’aide aux peuples libérés du nazisme et la mise en place d’institutions fondées les principes d’élections libres et de la démocratie politique. 
C) La conférence de Potsdam (17 juillet 1945) 
Cette conférence vise, suite à la capitulation sans conditions de l’Allemagne, à régler et à préciser les frontières de l’Europe et à définir le contenu des futurs traités de paix. 
Les Alliés, après le démembrement de l’ancien Reich allemand vont s’assurer du désarmement et de la démilitarisation de l’Allemagne, condamnée par ailleurs à payer les réparations. 
L’imprécision des zones d’influence de chaque membre Allié en Allemagne a conduit, et devant la violation des accords par les soviétiques, à créer la RFA qui sera par ailleurs réarmée. 
Ainsi si Yalta a abordé le problème de la Pologne, la conférence de Potsdam s’est attachée au statut de l’Allemagne vaincue. 
Relevons aussi que la fin de la guerre avec le Japon est marquée par l’emploi de l’arme nucléaire par les Américains, l’intérêt que l’URSS porte à la Corée du Nord et l’occupation militaire russe des îles Kouriles au large du Japon.

II) Un nouvel ordre mondial : l’ONU 

C’est la Conférence de Moscou d’octobre 1943 qui prévoit « une organisation internationale fondée sur l’égalité souveraine de tous les Etats pacifiques et ouverte à tous les Etats grands et petits ». 
Les propositions de Dumburton Oaks, reprenant pour l’essentiel le Pacte de la SDN, furent examinées par les 3 puissances d’alors au cours de la Conférence de Yalta. 
Ces tractations diplomatiques sont à l’origine de la création de l’ONU et des principes qui fondent le nouvel ordre international après la seconde guerre mondiale. 
A) La Charte de San Francisco portant création de l’ONU 
La conférence de San Francisco débuta ses travaux le 25 avril 1945, donc en pleine guerre, et s’acheva le 26 juin 1945 avec la signature de la charte de l’ONU. 
La Charte entra en vigueur le 24 octobre 1945 : une nouvelle institution internationale est née en succédant à la SDN dissoute le 31 juillet 1947. 
Des raisons politiques, impuissance de la SDN, expliquent la création de cette nouvelle organisation qu’est l’ONU ; de plus les Etats-Unis n’étaient pas membre de la SDN et l’URSS en a été exclue le 14 décembre 1939 (après la signature du pacte germano-soviétique !). 
La Charte présente le caractère d’association universelle d’Etats souverains ; elle a pour ambition de préserver l’unité des Alliés et le maintien de la paix et également de renforcer la coopération interétatique. La Charte vise ainsi à institutionnaliser ces nouveaux rapports entre Etats issus de la guerre en posant un certain nombre de principes. 
B) Les principes consacrés par la charte de l’ONU 
L’objectif premier de la charte et le maintien de la paix et de la sécurité internationale, tâche jugée prioritaire dans les relations internationales ; cet objectif majeur va dicter les principes alors énoncés par la charte en son Chapitre premier (Art. 1 et 2) : 
*le principe de l’interdiction de l’emploi de la force, toute violation de ce principe constitue un acte d’agression au sens de la résolution 3314 (XXIX) de l’AG de l’ONU du 14/12/1974 : seule l’agression armée est interdite (agression économique et/ou idéologique non prohibée !) ; 
*le principe du règlement pacifique des différends : négociation directe, médiation, enquête, conciliation, tribunal d’arbitrage, le choix du mode de règlement est libre ; 
 *le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes devenu par la suite un principe universel sous l’action conjuguée des pays socialistes et des Etats du Tiers-monde : l’autodétermination et donc la résistance à l’oppression ne s’applique qu’en cas de domination coloniale, domination étrangère ou soumission à un régime raciste : ce principe ne peut s’appliquer à une population d’un Etat souverain (peur des sécessions et démembrements) ; 
*le principe du respect des droits de l’homme : principe introduit au coeur de la politique intérieure des Etats, il s’agit d’une conception morale des relations internationales ; 
*le principe de la coopération internationale : la volonté est ici de donner solution aux problèmes internationaux en diffusant un esprit de solidarité au sein de la communauté internationale. 
L’évolution contemporaine des relations internationales a fait émerger de nouveaux principes : principe de solidarité (assistance aux pays pauvres : vers un impôt mondial ?) ; le principe d’autorisation de l’ingérence (ingérence morale : critique d’un Etat au regard du respect des droits de l’homme ; ingérence humanitaire : actions d’ONG caritatives pour le secours des victimes en situation d’urgence, « couloirs d’urgence » ; ingérence démocratique c’est-à-dire intervenir sur le fonctionnement d’un régime politique, comme en Haïti en 1994 ou en 2003 en Irak) ; et enfin ingérence écologique (Convention de Montego Bay de 1982 sur le droit de la mer où apparaît un timide droit d’ingérence pour motif écologique). 
Un dernier principe est en devenir, celui de la responsabilité pénale internationale individualisée : crimes de guerre et « purification ethnique » en Bosnie-Herzégovine depuis 1991 (création de tribunaux internationaux ad hoc, en 1993 du TPIY sur le modèle du Tribunal de Nuremberg en 1945 ; création aussi du tribunal spécial pour le Rwanda en 1994 ;le 17 juillet 1998 est adoptée une Convention de l’ONU portant statut d’une Cour pénale internationale, cour permanente compétente à l’égard d’individus coupables de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. 
Ainsi l’ONU apparaît comme une société interétatique, l’idée qui l’anime est malgré tout celle d’une organisation de la société internationale qui a vu ses compétences s’étendre à de nouveaux domaines (écologie, responsabilité pénale internationale…). 
Les principes énoncés par la Charte souffrent toutefois de rigidité et de faiblesse dans leur mise en oeuvre (rôle central du Conseil de sécurité dans la prise de décision, lenteur de la négociation collective…). 
L’ordre politique institué par l’ONU est poursuivi par un ordre international économique néo-libéral. 

III) Un ordre international économique néo-libéral 

C’est un ordre économique fondé sur le credo anglo-saxon de la libre entreprise, la libéralisation des échanges : au sortir de la guerre, les Etats-Unis demeurent la première puissance économique, ils vont par conséquent tailler ce nouvel ordre économique à leurs mesures et intérêts. 
La Charte de l’ONU insiste sur le principe de la coopération économique (Art.3) qui va conduire à l’interdépendance accrue des Etats et par conséquent à la diffusion rapide du modèle économique américain. 
Cet ordre économique néo-libéral va s’institutionnaliser : FMI, BIRD, OIC, qui sont des institutions spécialisées de l’ONU établies par des experts économiques américains et britanniques lors de la Conférence de Bretton Woods des 1° et 22 juillet 1944. 
L’interdépendance, concept qui rend compte du stade le plus avancé du capitalisme, conduit à l’ouverture réciproque des économies nationales, au développement d’une nouvelle division 
internationale du travail et par conséquent à une intégration économique mondiale : on ne peut véritablement parler d’indépendance économique des Etats ni par ailleurs de souveraineté des Etats de par la dépendance économique de certains Etats (plan d’ajustement structurel imposé par le FMI !). 
L’intégration économique mondiale accrue par le rôle des firmes multinationales, tend à provoquer en retour une désintégration des économies nationales (licenciement massif du aux politiques de délocalisation d’entreprises !). face à ce risque, l’ordre économique international néo-libéral pose certains principes directeurs :
*le principe de coopération économique déjà évoqué (traités entre Etats comme l’UE, institutions internationales spécialisées en matière économique comme Banque mondiale, FMI, l’OCDE) 
*le multilatéralisme (çàd négociations et solutions à portée universelle) est préféré au bilatéralisme en matière de commerce, monnaie ou investissement. 
*principe de liberté et de non discrimination dans les transactions économiques :réciprocité et égalité entre Etats favorisant le jeu de la clause de la nation la plus favorisée (un avantage commercial consenti à un partenaire commercial doit être étendu à tous les autres partenaires). 
Ce sont finalement les principes de l’économie capitaliste qui sont ici retenus et qui se trouvent à la base doctrinale, idéologique et pratique de cet ordre économique international. 
Section 2 : L’émergence de deux grandes puissances 
La période 1941-1945 a vu émerger deux grandes puissances de force inégale : une puissance mondiale, les Etats-Unis et une puissance continentale, l’URSS. A l’issue de la guerre une alliance de fait se constitue entre l’URSS et les Etats-Unis, malgré leur antagonisme, alliance permise par la chute du système européen. 
I) La chute du système européen 
A la veille de la première guerre mondiale, les Etats du continent européen sont les principaux acteurs de la vie internationale, Etats-Unis et Russie apparaissent comme des Etats secondaires. La société internationale est avant tout européenne et possède un caractère assez homogène. Le conflit meurtrier de 1914-1918 affaiblit l’Europe, atteinte d’une grave crise morale, le mythe de sa mission civilisatrice s’effondre ! face à cette Europe ébranlée, la prospérité gagne les Etats extra européens : la guerre donne ainsi un nouvel élan à l‘économie américaine. 
La révolution bolchevique de 1917 ébranle davantage l’Europe et partant le système international devenu désormais hétérogène avec l’émergence d’une nouvelle légitimité, la légitimité marxiste léniniste ! 
Le déclin s’accentue encore dans l’entre deux guerres : crise économique de 1929, montée des extrémismes idéologiques en Italie (fascisme de Mussolini dès 1922) et dans le Reich allemand (le nazisme de Hitler dès 1933). Crise donc de l’Europe (impuissance de la SDN), émergence de nouveaux acteurs internationaux, notamment Japon et Etats-Unis et ébauche du système Est Ouest avec la coupure bolchevisme et Europe. 
La « nouvelle diplomatie » du président américain Wilson, qui va légitimer l’entrée des Etats-Unis dans la guerre européenne en 1917, rompt avec la doctrine Monroe formulée en 1823 et qui interdit notamment aux Etats-Unis d’intervenir en Europe (non intervention en territoire extra-américain et non ingérence européenne en territoire ou continent américain, continent américain chasse gardé des Etats-Unis !). de plus les Etats-Unis participent activement au règlement économique et financier des crises européennes.
En Asie se développe l’expansionnisme japonais : dynamique économique et expansion militaire japonaise vont de pair. 
La coupure bolchevisme/Europe occidentale est un conflit avant tout européen : il est régulé par le jeu diplomatique classique, il va peu à peu prendre la forme d’un système Est/Ouest à base idéologique, c’est-à-dire l’ébauche d’une politique de « cordon sanitaire » pour se protéger contre toute contagion et fondée sur le refus de toute relation avec la nouvelle URSS issue de la révolution bolchevique. Est ainsi en gestation le système bipolaire que l’on connaîtra par la suite. 
II) L’URSS et les Etats-Unis : deux grandes puissances de force inégale

Du fait que l’URSS sera directement touchée par la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis apparaissent comme la nation la plus puissante. 

A) L’URSS 
Elle tirera des avantages politiques de sa victoire contre les armées hitlériennes sur le continent européen : elle devient une puissance régionale, une puissance dominante du continent européen. Son expansionnisme en Europe centrale et orientale et en Asie est le fruit de la guerre : la zone d’influence soviétique, décidée en commun accord avec les Alliés, est parachevée dès la fin de la guerre. 

B) Les Etats-Unis 
Ce pays-continent a les moyens de présence et d’action à l’échelle mondiale ; la guerre a renforcé son potentiel industriel et a dynamisé encore davantage sa puissance économique ; sa nouvelle puissance militaire face à la défaite d’Hitler en Europe et celle du japon en Asie et son rôle politique reconnu font des Etats-Unis la première puissance mondiale au sortir de la seconde guerre mondiale. 
En 1945, un nouveau face à face apparaît qui met en présence deux Etats vainqueurs de la guerre devenus compétiteurs en puissance : les Etats-Unis et l’URSS. 
L’affrontement idéologique va ressurgir avec force auquel va s’ajouter la lutte stratégique pour la défense des zones d’influence : une ère s’ouvre alors, de la bipolarité marquée par le face à face de deux puissances de force inégale, on passe au système bipolaire marqué par l’affrontement de deux puissances de force équivalente. 

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