
La mondialisation culturelle
La culture est le système de représentations, de valeurs, de règles de conduite et modes de vies propres à chaque société et qui permet l’affirmation de son identité ; la mondialisation affecte également les biens culturels selon le principe libéral de la culture comme marchandise : d’où une tendance à l’homogénéisation des comportements et attitudes.
Cette mondialisation semble fondée sur un individualisme et une indépendance absolue des individus et également sur le primat accordé à l’économique et au marché.
Le problème étant que la culture est un instrument d’identité rassemblant des individus au sein d’une communauté ; c’est pourquoi cet universel véhiculé par la mondialisation culturelle devra composer voire entrera en conflits avec d’autres expressions de l’universel comme la transcendance religieuse (toute religion vise à l’universel) ou transcendance laïque (toute République laïque vise aussi l’universel).
Ainsi les réactions
à cette homogénéisation culturelle planétaire prennent
soit la forme de revendications identitaires parfois
agressives soit la forme de protections renforcées des
cultures nationales menacées par l’hégémonie culturelle
américaine (débats au sein du GATT en 1994, puis de
l’OMC en 1999 et l’OCDE en 1998 sur l’exception ou la
diversité culturelle !).
Les nouvelles techniques d’information et de
communication deviennent un instrument puissant de
domination culturelle des Etats les plus
nantis.
Au sein de la société internationale existe un ensemble
complexe d’appareils idéologiques transmettant de
manière douce les valeurs dominantes (médias, cinéma,
publicité, agences de presse...).
La communication
rapproche et met fin aux distances géographiques ;
certes, comme l’écrit D. Wolton dans son ouvrage Il faut
sauver la communication, Flammarion, 2005, « chacun voit
tout ou presque, mais la visibilité du monde ne suffit
pas à le rendre plus compréhensible » : en d’autres
termes la fin des distances géographiques renforce les
distances culturelles entre les peuples.
C’est
qu’en effet chacun est à un stade différent de
développement économique, politique, social ; de plus le
modèle occidental, notamment par ses succès économiques,
semble aujourd’hui dominant ; et le paradoxe étant que
plus ce modèle affirme sa domination plus ces
différences seront visibles, d’où nécessité de respect
de l’identité des peuples, il faudra davantage «
d’efforts mutuels pour se tolérer et accepter de
coopérer » (D. Wolton, Internet et après ?, Flammarion,
1999).
L’identité des peuples puise ses racines dans la
tradition, l’histoire mais aussi parfois par
opposition à l’Occident, et ici la religion paraît
souvent le refuge de cette affirmation identitaire.
Dans ce nouveau contexte de pluralisme
identitaire, le respect de l’identité des peuples
devient un enjeu considérable, une question sensible
(cf débat récent sur les caricatures visant l’identité
des peuples musulmans : comment concilier liberté
d’expression, si tant est qu’il s’agit ici d’une telle
liberté et respect de l’identité d’autrui
?).
Le respect des
différences culturelles, spirituelles ou religieuses
deviennent des valeurs fondamentales dans notre monde
de communication globale.
L’ouverture au monde
de nos sociétés, par la rencontre d’autres cultures et
d’autres sociétés, permet de prendre la mesure de
notre ignorance et de nos préjugés.
De nos jours , le rôle de la culture dans les relations internationales est soit perçue comme source de conflit (S. Huntington et le choc des civilisations) soit au contraire comme dialogue entre les peuples : « le dialogue fécondant des cultures » devant, selon Teilhard de Chardin, aboutir à l’émergence d’une « Civilisation de l’Universel » ; ou encore chez J. Habermas pour qui l’éthique démocratique, fondée sur la discussion, est commune à tous les groupes culturels, selon lui la culture est par définition ouverte à défaut de décliner voire de disparaître (d’où le thème du multiculturalisme ou métissage culturel) mais la culture est aussi à protéger face l’uniformisation rampante de la mondialisation (d’où le thème de l’exception culturelle). Double facette donc de la culture au plan international.
En tout cas, l’uniformisation des comportements et
modes de vie induit alors des réactions plus ou moins
agressives.
Le risque alors est celui d’une tendance à la
dislocation, à la fragmentation de la société
internationale.
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