Introduction au droit musulman

Le droit musulman, également connu sous le nom de droit coranique, est un système juridique intrinsèquement religieux où la jurisprudence (fiqh) est intimement liée à la théologie. Ce système juridique, basé sur les révélations du Coran, ne doit pas être confondu avec le droit positif en vigueur dans les pays à tradition musulmane, qui varie selon les États et s'en écarte souvent.

Jean-Paul Payre, un juriste, décrit le droit musulman comme « un ensemble de devoirs comprenant des obligations rituelles, morales et légales, toutes soumises à la même autorité religieuse ». En principe, ce droit ne s'applique qu'aux musulmans.

Sous la charia (« loi divine »), les non-musulmans sont soumis à la dhimma (« protection tutélaire »).

La Grande Mosquée de Kairouan, ou mosquée Oqba Ibn Nafi, a été, dès le IXe siècle, un centre majeur d'enseignement de la théologie et du droit musulman (principalement de l'école malikite). Elle se trouve à Kairouan en Tunisie.

Sources du droit musulman

Le droit musulman repose sur plusieurs sources :

1. Sources fondamentales :

• Le Coran
• La sunna (traditions prophétiques)

2. Sources secondaires :

• Le consensus des juristes (ijma)
• Le raisonnement analogique (qiyas)
• L'interprétation personnelle (ijtihad)

Bien que la coutume ('urf) et la loi ne soient pas officiellement des sources de droit, elles ont permis d'adapter le droit religieux à diverses réalités locales. Selon les régions, une jurisprudence diverse s'est développée à travers quatre principales écoles juridiques pour le sunnisme et deux pour le chiisme.

La compilation du fiqh par ces écoles a, théoriquement, été achevée au Xe siècle avec la fermeture de la « porte de l'ijtihâd » (interprétation), ce qui contribue à l'aspect souvent perçu comme archaïque de certaines institutions. Cependant, cette notion de fermeture est contestée, et de nombreux juristes ont continué à réfléchir et à élaborer des concepts juridiques par la suite.

Évolution et Modernisation

La période coloniale a restreint l'application du droit musulman principalement au statut personnel (droit du mariage, etc.). 

Des réformes modernes ont été initiées au XXe siècle dans plusieurs pays comme la Turquie, l'Égypte, et la Tunisie. Bien que le droit pénal musulman ait été délaissé par de nombreux États, l'essor de l'islamisme contemporain a conduit certains pays à le réintégrer partiellement (Libye, Pakistan, Iran, Soudan, Koweït, et Égypte).

Dans d'autres domaines juridiques, les réformes du XIXe et du XXe siècles ont conduit à une harmonisation croissante avec les principes internationaux adoptés au niveau national. Néanmoins, plusieurs constitutions nationales continuent de faire référence aux principes du droit musulman (Maroc, Algérie, Mauritanie, Yémen, Iran, Pakistan, Soudan et Égypte).

En 1990, l'Organisation de la Conférence Islamique a adopté la Déclaration des droits de l'homme en islam.

Pratique Judiciaire

Le juge (qâdî) se base principalement sur les ouvrages consacrés par le consensus (ijmâ), plutôt que sur une interprétation personnelle du Coran ou des hadîth :

« Le qâdi qui s'aventurerait à interpréter les passages du Coran ou à évaluer lui-même l'authenticité des hadîth commettrait un acte contraire à l'orthodoxie, similaire à un croyant catholique prétendant définir seul le sens des textes invoqués par l'Église. Cette source du droit musulman, l'ijmâ, est d'une importance pratique exceptionnelle. C'est à travers elle que toutes les règles du fiqh trouvent leur applicabilité actuelle. »

Pour approfondir : Le Droit musulman (Que sais-je ?). 

Cet ouvrage présente les caractéristiques générales, les principes fondamentaux, l'évolution et les fondements théoriques du droit musulman, visant à éclairer ceux qui en ont une compréhension limitée ou biaisée par les médias.